Allez, je vous mets un échantillon du résumé de la première étape du samedi en attendant le récit complet
"C’est dans les vieilles carcasses rouillées que battent les cœurs de braves………
….et de la bravoure il en fallait pour surmonter les épreuves de cette édition 2008 de l’Ardennes classic.
Un Roadbook aux petits oignons, des routes qui tournent, un temps radieux, des classiqueux en cannes, des GO toujours disponibles et surtout patients, tous les ingrédients d’une rencontre réussie. Réussie n’est pas le terme approprié. Inoubliable, inavouable, porschique conviendraient davantage. Cerise sur le gâteau, les belges étaient venus.
On se demande même si l’on doit en faire le récit, tant celui-ci pourrait générer de jalousies, d’envies et de déception pour ceusses qui n’auraissent eu le privilège de partager ce moment de gloire.
Samedi 30 Août :
7h00 du matin, on entre dans le garage, on respire l’odeur d’huile qui filtre de cette vieille carcasse endormie. On passe la main le long de la carrosserie portant encore les stigmates de la dernière sortie Lozère. Puis on tire la portière, on s’affale dans l’habitacle comme une vieille bouse et on s’enfonce dans le fauteuil moelleux d’un salon époque Frédéric Dare (ou Frédéric II de Bavière, c’est selon). Toujours ces émanations de vieux chanvre qui taquinent les narines, la clef de contact, on prend une respiration, on bloque à la moitié de l’expiration et on tourne la clé en soufflant comme un veau . Le tableau de bord s’anime, le doux bruit de la pompe à essence nous indique que la batterie fonctionne (c’est déjà pas mal). On respire, on re-bloque et on serre les fesses (accélérateur à main vers le haut) on retourne la clé et …… CA MARCHE !!!!!!. Le moteur part au quart de tour, s’ébroue dans un vacarme d’échappement non homologué (et mémère gueule à l’étage parce que ça réveille les mioches). Marche arrière en urgence (un coup de gaz pour que ça rentre bien dans le beurrier) et on recule doucement. Pendant que la vielle chauffe, maman fini de se maquiller et sort de la maison sapée avec les fringues de sa mère pour faire raccord avec la carrosserie de l’antique bolide pré-prohibition.
Puis c’est le départ de l’étape de concentration. Un café vite avalé chez le bison, une petite prière à saint Christophe patron des chauffards alcooliques plus ou moins anonymes et on trace vers le premier point de regroupement des Parigos, quelques kilomètres au nord du grand l’aérodrome qui porte le nom du non moins grand Charles. Un autre café, le premier cigarillo, une pause pipi et un parachutage de togolais (combinaison café-cigare très efficace le matin). On enlève le toit….puis on remet le toit parce que maman a peur de se les geler (les oreilles bien sûr). Le moteur est chaud (on le sait parce que maman commence à se plaindre que le chauffage lui brûle les arpions). Un rapide coup d’œil aux instruments permet de s’assurer du fonctionnement de ces derniers (Réflexe rassurant pour le classiqueux ).
Pendant ce temps, les concurrents de province roulent vers le nord et les belges continuent à ronfler comme des porcs, bien au chaud sous la couette. Le point de rendez vous est à 11h30 sur le parking d’un restaurant dans le village de Le Quesnoy (que tout le monde connaît). Le cadre est sympathique. Maman apprécie le décor de vergers et la platitude de ce plat pays qui n’est pas le sien, tout en téléphonant à sa mère pour prendre des nouvelles des lardons abandonnés à un sort bien heureux, à la maison avec grand mère qui les gave de bonbecs multicolorés qui filent la chtouille.
Premières retrouvailles pour certains depuis la Lozère (purée deux mois c’est long !), on se claque deux ou trois bises (une seule pour les fainéants de belges) et on fait connaissance avec ceux qu’on a encore jamais rencontré (on les rassurent). Les grandes gueules commencent à se faire entendre (et parfois sentir). Pendant que les spécialistes de la pompe à injection commencent leur discussion philosophique sur l’invention de la roue crantée, les spécialistes de la pompe à bière allument gentiment la chaudière à coup de Jeanlain sans plomb (le plomb est à l’origine du crétinisme). Le Pierrers après soulagement de sa prostate montre l’exemple et prend la tête du peloton des piliers de comptoir. Le soleil est au zénith (et n’est pas prêt de passer au Weber), les mamans se retrouvent autour d’un verre de vin blanc ou de grenadine et commencent à causer de leur fringues d’automne et de leurs gynécologues, tandis que de l’autre côté de la tablée, les débats s’orientent plutôt sur la température de la bibine. La conclusion de ces débats se recentre sur un vieil adage séculaire : « quand la bière est fraîche, les cœurs se réchauffent et la production des gamètes diminue en proportion».
Enfin les derniers protagonistes débarquent. L’arrivée du dernier convoi belge mené par notre brasseur attitré (Frédéric premier de Couvin)et sa charmante moitié marque le début des hostilités. Les mamans sont venues nombreuses et c’est tant mieux ! Comme ça on a autre chose à mater que la nouvelle tire de 964m. Il fait toujours beau et tout le monde est gentil (à part Phylippe et l’empoisonneur girondin qui ne sont pas là). On a une pensée pour le prez. Patrick 123 ne reprend pas de dessert. Le repas est avalé sans plus de formalités et nos GO nous distribuent nos accessoires pour la durée de la guerre (Un polo, des bouteilles de flotte et un livre de route que je relis volontiers chaque soir avant de l’endormir, le tout emballé dans un sac plastique de belle confection qui pourrait devenir très utile à maman après quelques kilomètres de virolos).
14h00, le bison n’a pas le temps de faire la sieste (il se contentera d’une simple flatulence de bon goût) et les belges levés très tard sont maintenant bien réveillés. C’est l’heure du grand Barnum, du convoi improbable, de l’arsouille ultime. La concentration est à son comble derrière les momos, les leccara et autres prototypos de picharon. Maman se repeint des babines à grand coup de rouge à lèvres en ajustant sa ceinture de sécurité et en téléphonant à sa mère pour lui dire que …tout va bien (elle n’a pas encore raoulé).
La caravane s’ébranle dans des effluves d’huile chaude et des gaz non brûlés de Pat123. Maman commence seulement à étudier le livre de route : « c’est quoi les flèches dessinées sur la feuille ? »-« c’est rien ma caille, ça veut dire qu’il faut suivre la voiture qui est devant au prochain carrefour… ».
On passe quelques villages pourris, croisant parfois le regard de quelques bovidés nonchalants et d’indigènes consanguins. La route est belle, maman aussi, on est heureux, on sifflote. Maman : « c’est joli par ici ! ». Nous : « tu peux jeter un œil sur le roadbook s’te plait ? ». L’étape du jour s’arrête enfin après une bonne vingtaine de kilomètres pour une pose bien méritée. Les pilotes et les machines se reposent quelques instants au bord d’un canal. Les plus vieux d’entre eux en profitent pour se soulager. L’odeur est insupportable, on est arrêté en plein milieu de la mèque du fromage qui fouette…MAROILLES !
Vingt kilomètres qu’on roule et la fatigue est perceptible. Mais il faut repartir. Le cœur vaillant et les roupettes bien calées dans le kangourou, chacun se précipite dans son cockpit la peur au ventre (surtout ne pas me faire larguer par le gonze de devant, sinon je vais me paumer). Notre Frédo belgo-provenço-alcoolo imprime un rythme soutenu largement facilité par la puissance démoniaque de son speedster pur jus de 60 bourriquots. Il est déjà écarlate le Frédo tellement il aime le soleil sur sa peau couleur lavabo.
Cent kilomètres d’une seul traite, sans pause pipi, ni pause clope, ni pause flan au chocolat. L’épreuve est rude pour les Pitou, Pierrers, Marco et autres vieux limeurs de bitume. Les villages défilent à la volée comme dans un film de Lelouche: Petit Fayt, Bon-debout (les deux pieds sur les freins), Haut lieu (dernière grande arsouille de l’histoire automobile), Flaumont-Wendrechies (c’est là que Maman a vomi) , Sémerie, Clairfayt, Solre le château (qu’on a jamais vu), Cousolre, Bousignie-sur-Roc, Baumont (c’est enfin les Ardennes), renli (deuxième vomi de Maman), Fourbechie (dans mon bénard).
Fin d’étape à Cerfontaine (de binouze) où nos GO nous attirent dans une embuscade préparée par un garagiste (qui souhaite rester anonyme) réputé pour la qualité de la bière qu’il fait volontiers consommer à ses clients avant de prendre la route (pour rouler bien, roulez plein !). Cette pause longue bien méritée permet à chacun de reprendre le fil de ses conversations du midi : roue crantée, voir pompe à essence pour les uns, chiffons, gynéco pour les autres. Mais rapidement, l’attention se détourne vers un binôme de shampouineuses venues tout spécialement d’un carmel bien connu pour astiquer….les pare-brises de nos belles automobiles.
Pierrers en profite comme à son habitude pour passer devant tout le monde et se retrouver premier pour le dit astiquage de pare-brise. Pendant que les astiqueuses astiquent, les classiqueuses se refont une peinture faciale et les classiqueux astiquent le zinc du comptoir du garagiste anonyme. Si bien que vers les coups de 19h00 on s’aperçoit que Pat123 a raté les vèpres et qu’Oggy n’est toujours pas arrivé à la pompe à bière pour cause de panne pompe a essence. Opération relations publique réussie pour le garagiste anonyme, on lui claque une grosse bise au passage avant de redescendre dans nos vielles trapanelles (en oubliant maman qui était restée à attendre son tour avec d’autres mamans devant la porte des goguenaux du taulier)
Tout rentre dans l’ordre et l’on reprends la route pour l’étape de liaison vers le fameux carmel de Matagne, haut lieu de dépravation classiqueuse de l’édition 2007. Une pose technique est accordée au passage pour le remplissage des tanks de nos destriers métalliques (qui consomment cependant bien moins de carburant que leurs illustres pilotes). Les maman sont heureuses, on ne s’est même pas engueulé depuis le matin et chacune attend avec impatience la suite des réjouissances qui fera la part belle à leur beauté diaphane de flamandes d’un jour.
A défaut de Flamande, la soirée programmée sous la tonnelle du taulier belge nous entraîne au contraire dans l’univers féérique des nuits orientales confidentielles et feutrées. Après une rapide remise en condition au carmel, les couples et les solo-alcoolos rejoignent la brasserie des Fagnes. Les cars de japonais (clientèle habituelle des lieux) ont déserté les parking pour laisser place au convoi multicolore de nos vielles brèles encore vaillantes……………………"
J'espère avoir un peu de temps pour écrire la suite cette semaine
[Edite le 22-9-2008 par RICO73]
[Edite le 22-9-2008 par RICO73]
[Edite le 22-9-2008 par RICO73]
[Edite le 22-9-2008 par RICO73]