Envoyé le 23-11-2020 à 15:16
Les voitures hybrides rechargeables pourraient rejeter jusqu’à douze fois plus de CO2 que ce qu’annoncent les constructeurs
L’ONG Transport & Environnement a étudié les émissions de trois SUV, mêlant moteur thermique et électrique.
Par Eric Béziat (Le Monde) Publié aujourd’hui à 02h27
L’Europe fonce-t-elle vers un nouveau « dieselgate » ?
C’est la question que n’hésite pas à poser l’ONG bruxelloise Transport & Environnement (T & E) dans l’intitulé de sa dernière enquête-choc, publiée lundi 23 novembre, et portant sur une classe particulière de véhicules électriques en plein essor : les hybrides rechargeables.
T & E a étudié, en conditions réelles de circulation, les émissions de CO2 de trois modèles-phares, en l’occurrence des SUV (ou 4 × 4 urbains), de cette catégorie.
Et les écarts constatés entre, d’une part, le niveau de carbone rejeté dans l’atmosphère tel qu’il est affiché par les constructeurs et, d’autre part, les données enregistrées lors des tests laissent pantois.
La différence entre théorie et monde réel se monte à + 28 % au mieux.
Mais, dans certaines conditions, la divergence bondit jusqu’à trois fois, cinq fois, voire douze fois plus qu’annoncé.
Précisément, la société britannique Emissions Analytics s’est penchée, pour le compte de T & E, sur les émissions de dioxyde de carbone du Mitsubishi Outlander (le plus vendu en Europe), de la Volvo XC60 (numéro 3 du marché) et du BMW X5, qui affiche la plus large autonomie en mode 100 % électrique. Rappel utile : un véhicule hybride rechargeable est mû à la fois par un moteur thermique et par un moteur électrique, lequel est alimenté par une batterie relativement puissante, qu’il convient de charger et qui permet de rouler entre 35 et 80 kilomètres en mode strictement électrique.
« Dans des conditions optimales et avec une batterie chargée à plein, les véhicules ont émis entre 28 % et 89 % de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé », détaille T & E dans son communiqué.
Ce n’est déjà pas très bon.
Mais les choses se gâtent encore dès lors que les conditions deviennent plus exigeantes : batterie vide, véhicule chargé, déplacement à haute vitesse sur autoroute…
Des « bombes climatiques »
Alors que ces modèles sont, d’après leur homologation, censés émettre 32 (BMW), 46 (Mitsubishi) et 71 (Volvo) grammes de CO2 par kilomètre parcouru, ils atteignent respectivement 254, 164 et 184 quand la batterie est tombée à zéro.
Et surtout, ils affichent de stupéfiants 385, 216 et 242 grammes dès lors qu’ils passent en mode recharge de la batterie.
De vraies « bombes climatiques » !
La critique n’est pas nouvelle.
Elle s’était, en particulier, focalisée ces dernières années sur le risque d’une utilisation du véhicule sans recharger, fatalement néfaste en matière d’émissions puisque les hybrides rechargeables sont plus lourds que la moyenne.
Elle a été aussi régulièrement pointée par la presse spécialisée qui a souvent la dent dure sur les niveaux de consommation de carburant réels de ces véhicules.
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