Envoyé le 10-10-2020 à 09:50
C'était en 2017. Carlos TAVARES....
Après avoir, au salon de Francfort 2017, qualifié de "folie", l'électrification du parc automobile planifiée par principe idéologique par les pouvoirs publics, il a réitéré au salon de Genève la semaine dernière : "Sommes-nous sûrs de ce que nous faisons ? s'est-il interrogé. Est-ce que l’on ne va pas se dire, dans 10 ans, que l’on a loupé quelque chose de fondamental ?" Cette marche forcée, et quasi réglementaire, vers la "watture" est-elle soutenable écologiquement ? Pourrons nous préserver notre indépendance économique et technologique face à la Chine qui a préempté les ressources minérales, fabrique les batteries, et convertit de force son marché automobile - le premier du monde.
"Il faudrait, dit Carlos Tavares, une approche à 360° avec la dimension énergétique, la dimension matières premières rares, la dimension empreinte carbone de la fabrication et du recyclage des batteries. Il y a de multiples questions qu’il faut se poser, d’ordre technologique, juridique, géopolitique. Pour toutes ces questions-là, je me demande qui aujourd’hui est en train d’assembler ce puzzle ? Il est important que quelqu’un le fasse."
Un puzzle pour l'Europe et ses gros doigts ?
Qui assemble le puzzle ? Carlos Tavarès connaît la réponse mais ne peut la donner : ce sont les mêmes grands esprits qui, quarante ans après l'invention du catalyseur, sont parvenus à faire en sorte qu'au lieu d'être un lointain souvenir, la pollution automobile soit encore un sujet brûlant. Ou plutôt fumant et même fumeux.
Ce sont ceux qui ont instauré des normes de pollution imbéciles car basées sur des tests d'homologation irréalistes et les ont maintenues pendant des décennies. Les mêmes qui ont été avertis, voici des lustres, des tricheries et manipulations des constructeurs lors de ces tests et ont feint de s'étonner quand le scandale Volkswagen a éclaté. Les mêmes qui, plus récemment, ont autorisé, en leur accordant une dérogation de filtre à particules, la mise sur le marché de petits moteurs essence archi-polluants. C'est l'Europe, qui sur le sujet de la régulation automobile s'est montrée d'une ignorance crasse et d'un laxisme écœurant, qui dictera à Carlos Tavarès quoi fabriquer dans ses usines.
Un puzzle pour des énarques myopes ?
Ceux qui assemblent le puzzle de l'électrique, ce sont aussi, en France, les descendant de ceux qui ont jadis décidé que nos voitures brûleraient le fioul que les centrales électriques, devenues nucléaires, ne consommeraient plus. Puis longtemps après, comme si cela ne suffisait pas, deux gouvernements d'affilée et une poignée de ministres de l'Environnement qui ont littéralement "diesélisé" les grandes agglomérations, convertissant les citadins et les petits rouleurs au gazole, par la magie du bonus-malus. Un choix décidé alors que l'on connaissait en détail les nuisances de cette motorisation.
Ce sont les mêmes qui maintenant le proscrivent au moment où ce moteur devient (presque) propre.
Les mêmes encore qui ont établi les critères de la vignette Crit'air en dépit du bon sens. Ainsi, nos petits moteurs essence à injection directe sans fap (filtre à particules) ont droit aux vignettes 1 tout en émettant jusqu'à dix fois plus de particules que des diesels de même ancienneté labellisés Crit'air 2. Des petits moteurs essence qui, tout bien pesé, polluent davantage que d'anciens moteurs essence conventionnels depuis longtemps catalysés - aujourd'hui, avec les GPL, les moteurs thermiques les moins sales du parc automobile -, lesquels sont classés en Crit'air 3,4 et 5. On n'a pas fini de parler de ce classement imbécile, ni d'en tousser.
Ceux aussi qui, puisqu'on évoque le GPL, ont favorisé fiscalement ce carburant tout en prohibant la soupape de sécurité de ses réservoirs. Deux spectaculaires explosions plus tard, elle fut rendue obligatoire, mais trop tard, puis le malus acheva le malade.
Bref, si l'on juge "ceux qui assemblent le puzzle" de l'électrique à l'aune de ce qu'ils ont déjà commis, il ne faut pas seulement être inquiet comme l'est le patron de PSA, il convient d'être terrifié.
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